Davout leva les yeux et considéra attentivement Pierre. Ils se regardèrent quelques secondes et ce regard sauva Pierre. A travers ce regard, par-delà la guerre et la justice des tribunaux, des rapports humains s’établirent entre ces deux hommes. L’un et l’autre vécurent obscurément en cette minute mille choses et comprirent qu’ils étaient tous les deux enfants de l’humanité, qu’ils étaient frères.
Pour le premier regard de Davout, quand il avait levé la tête de la liste où les hommes et leur vie figuraient sous forme de numéros, Pierre n’était que l’un d’eux, et Davout aurait pu le faire fusiller sans se charger la conscience d’une mauvaise action. Mais à présent, il voyait en Pierre un homme. Il réfléchit un moment.
(lecture de septembre-octobre 2009)